Fuite en avant - ft Eunhee

« Veux-tu bien cesser de tourner en rond et t’asseoir ? » Mais je restais désespérément sourd à ses remarques. L’esprit confus, le sang en ébullition, je ressassais cette soirée qui avait mal tournée. L’inquiétude et l’incompréhension se lisaient aisément sur mon visage, et il me fallut me faire violence pour enfin m’arrêter et tenter de garder un certain calme face au médecin qui ne comprenait pas l’urgence de ce rendez-vous prit à la volée. « Expliques moi maintenant, pourquoi est-ce que tu es là. De nouveaux symptômes ? Des douleurs ? » « C’est… compliqué… » lâchais-je la mâchoire serrée. « Alors dis-moi, je ne t’ai jamais vu dans cet état avant. » Je le connaissais depuis plus de deux ans désormais, deux années durant lesquelles il s’était acharné à remettre sur pied ce qui me servait de corps. Il m’avait tendu la main, m’avait promis de ne jamais relâcher ses efforts, m’avait même offert son amitié au fil du temps. J’avais partagé avec lui bien plus que je n’avais pu partagé avec mes parents… mais comment lui avouer ? Comment lui expliquer que mon corps venait de me trahir… d’une façon bien différente… « Je… J’ai… » Il faisait preuve d’une grande patience à mon égard, attendant calmement que je ne trouve les mots pour décrire cet étrange événement. « Tu sais que tu peux tout me dire ! On a vécu des moments bien pire depuis que je te connais… aies confiance. » Mes poumons rejetèrent brutalement l’air que j’avais accumulé sans parvenir à le laisser s’échapper, et mes épaules chutèrent pour me rendre un semblant plus calme que je ne l’étais quelques minutes auparavant. « Je… j’ai eu une réaction… inappropriée… » Je vis dans son regard l’interrogation, et il n’eut pas besoin de poser la question que je continuais ainsi mon récit. « J’ai rencontré… une fille. Et l’autre soir, nous nous sommes vus. Mais ça a mal tourné. » Je n’osais pas, lui révéler que j’avais échangé plus que des paroles, et que j’avais éprouvé une envie subite et intense, et je voulais encore moins lui avouer qu’elle avait provoqué une réaction incontrôlée, celle là même qui ne se manifestait plus depuis mon tout premier diagnostic. « Une fille ? Tu ne m’as jamais dit que tu voyais quelqu’un… mais ce n’est pas le plus important. Qu’est-ce que tu entends par mal tourné ? » Le soupir m’échappa, le coeur battant comme un fou contre mes côtes, de peur… d’incompréhension… de gêne et de honte. « Hmmm… je l’ai embrassé. » Sa réaction ne se fit pas attendre. « Mais c’est une excellente nouvelle ! Quelles sensations ? Douloureux ? Agréable ? » Ses doigts glissèrent sur le bois de son bureau pour attraper mon dossier et y consigner tous les changements majeurs dont j’étais l’objet, et d’un geste je le retins d’y noircir le papier. « C’est… personnel, s’il te plait… » le suppliais-je du regard. Mais il était aussi mon ami, et sous mon regard implorant il referma la pochette. « Merci. » murmurai-je. « Vas-tu me dire ce qu’il se passe où il faut que je t’arraches les vers du nez comment avant ? »  Inconsciemment, je balayais la pièce des yeux, vérifiant ainsi que personne d’autre ne pouvait être témoin de la révélation que je m’apprêtais à faire. « Une… érection… » Aussitôt le mot prononcé que je cachais mon visage entre mes doigts, sous le regard ébahi de mon médecin. « Une… quoi ?? Une érection ?? » M’enfonçant dans mon fauteuil, j’aurais donné n’importe quoi pour simplement disparaître. M’évaporer et ne plus être observé comme il le faisait. « Mais c’est… GÉNIAL ! » Je ne comprenais pas en quoi c’était une bonne nouvelle, mais visiblement enthousiaste, il me félicitait, se réjouissait et souriait de cette très bonne nouvelle. Heureusement, il ne me demanda pas le nom de la pauvre innocente qui avait dû subir cette malheureuse invective, et je savais bien que le jour où il l’apprendrait, son amitié ne tiendrait sans doute plus.

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Les lunettes posées sur le nez, je m’assurais de ranger à leur place les ouvrages qui avaient été déplacés. Dans le bourdonnement silencieux des pages qui se tournaient et des chuchotements des quelques âmes qui s’étaient perdues dans les allées de livres. Le calme. Rien que le calme d’une journée loin de tout. Je me plaisais à vivre dans la sérénité des volumes qui encombraient les multiples étagères, prêtant, vendant quelques livres avant de tenir à jour l’inventaire de cette grande librairie. De séducteur qui sortait chaque nuit pour ramener chaque fois une femme différente dans son lit, j’étais devenu l’homme invisible qui errait sans se faire remarquer dans les allées du bâtiment. De la popularité à l’anonymat, en un battement de cils tout avait changé. Et si j’avais souffert de cette adaptation soudaine, je ne remarquais plus aujourd’hui les yeux qui se posaient sur moi de temps à autre. Je ne faisais pas même attention aux questions sans fondement dont me gratifiais certaines femmes apparemment perdues dans le lettrage des archives. Rien, plus rien ne m’atteignait. Plus rien excepté… une brune qui fit son apparition. Mon cœur loupa un battement, et je fus surpris de réagir aussi rapidement : fuyant comme un lâche pour me cacher derrière l’une des hautes étagères qui s’alignaient à l’infini. Je n’avais ni cherché à l’appeler, ni même à m’excuser d’un comportement déplacé que j’avais pu avoir avec elle. Rien. Juste l’art du silence dans lequel j’étais passé maître. Il ne me fallut que quelques secondes avant de quitter mon abri de fortune et de presser le pas vers le bureau qui se trouvait derrière le comptoir. Je poussais le battant sans bruit et m’assurait de faire tomber le store sur la large vitre qui laissait apercevoir les lieux. Caché… ou du moins je le pensais jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre pour qu’elle finisse par apparaître.

gabi le loup

Tournoyant dans ton lit tu entendais déjà les oiseaux se réveiller dû au petit matin qui s'annonçait compliqué. Entre les questions liées à ton contrat, à ton physique, à cette réussite que tu voulais et celles concernant un homme. Et quel homme. Un homme dont la beauté ignorait les codes du respect et dont la peau réagissait plus vite encore qu'un tgv à grande vitesse. Oui ce genre d'homme qui rendait les femmes dingues. Le genre qu'on voyait dans les films. Mais comme ta vie n'était pas un film romantique sur une chaîne quelconque un soir de Noël il avait fallu qu'il t'embrasse et parte comme un lâche. Oui .. il était parti, pas après avoir couché avec toi , non ces films là finissaient toujours bien. Là il était parti juste après un baiser.
En y repensant tu pouvais comprendre, si la gêne était la raison de son départ. Mais n'était il pas le genre d'homme à assumer ? Fièrement le torse bombé ? Tu doutais maintenant.

Ton esprit se perdant un peu plus dans tes réflexions tu ne pus lui empêcher de revivre ce moment, encore et encore. Revoir cette lumière tamisée , cette eau éclairée de rayons lunaires qui donnaient une ambiance totalement différente à un cours. Revoir son corps qui tentait de reprendre le dessus, et un esprit torturé qui voulait lui se libérer. Ton esprit rejouait son regard dans le tien, celui qui te fit légèrement rougir, celui qui perça la couche de protection que tu avais pourtant construite pendant des années. Et ses lèvres. Tes doigts revenaient toucher les tiennes qui avaient senties toutes les sensations les transmettant à tout ton corps. Ton coeur accélérait le rythme sans grande raison apparente te rappelant un moment, une douceur , une chaleur, un frisson qui t'avait parcouru. Et puis une sensation nouvelle, et pourtant connue. La logique, la connaissance parlait mais tu n'avais jamais vécu telle gêne. Tu y repensais et ça t'empêchais de dormir, ça faisait chauffer tes joues et tourner ton corps dans tous les sens comme une enfant. Ca te rendait dingue, mais pas plus que son silence.


C'était mal te connaître que de croire que tu en resterais là. S'il t'avait dit ce qu'il se passait. Pourquoi t'avait il embrasser, pourquoi partir, pourquoi. S'il t'avait dit tout cela tu l'aurais laissé. Tu aurais tourné la page comme si rien n'était arrivé, tu l'aurais laissé faire sa vie en sachant pertinemment que tu ne serais pas dedans. Tu aurais pu t'éloigner. Mais avec toutes ces interrogations tu n'avais pas eu de choix. Enfilant alors un de tes plus beaux vêtement tu te rapprochais du lieu de travail du brun que tu avais eu grâce à tes talents. En fait ce n'était pas tant compliqué. Sauf peut être pour trouver le lieu exact quand on avait pas le sens de l'orientation. Mais finalement ton plan marcha à merveille puisque tu te retrouvais devant la librairie pour pousser ensuite la porte du temple du savoir , de la culture et du silence. Ce que tu détestais le silence. Regardant à droite et à gauche tu ne vis que des gens concentrés, et des livres. POur être honnête tu ne lisais pas grand chose t'endormant plus devant ceux ci. Ce qui t'emmenait ici était tout autre qu'un livre. Il était intéressant à chaque page, et non fini. Et surotut pas là. Tes sourcils se fronçant tu parcourais un peu les couloirs sans grand succès, ton regard détailla alors le bâtiment pour trouver un bureau. tu demanderais donc à l'intérieur. Frappant doucement sur la porte tu entras sans même te dire qu'il y serait. Mais finalement tu avais visé juste tes mains se posant alors sur tes hanches. Tu n'allais pas le laisser s'en sortir ainsi.

gabi le loup