[Blind Date : Rendez-vous dans le Noir] Nam Jae Kwang & Nam Ji soo

Est-ce qu'on allait le lobotomiser ? Ou lui voler un rein ? Il se posait sérieusement la question. Peut-être qu'il regardait trop de films. Peut-être qu'il avait trop d'imagination. Ou peut-être bien qu'il était juste trop idiot.
Il aurait dû décliner. Dire qu'il avait piscine ou licorne et rester chez lui. Il ne savait même plus ce qui lui avait pris de s'inscrire. Il l'avait fait sans réfléchir, sans doute avec un peu d'alcool dans le sang. Ou peut-être pas, il ne savait plus. Il avait juste trouvé ça amusant sur le moment. L'idée de trouver « l'amour » l'avait tellement fait rire qu'il en avait pleuré, affalé de tout son long sur son lit, Bourriquet entre les bras. C'était ridicule. Jisoo ne trouverait pas l'amour et ce n'était pas une application qui arriverait à le faire pour lui. Mais l'espoir faisait vivre et Jisoo n'était personne pour briser les rêves des autres – il aimait juste briser les siens de temps en temps. Un passe-temps comme un autre, après tout.

Tout ça pour dire qu'il se retrouvait ici, dans ce magnifique hôtel. Hôtel où il n'aurait jamais songé à mettre les pieds de lui-même, d'ailleurs. Et ça allait, jusque là, il trouvait ça plutôt sympa. Se faire bander les yeux, ça, c'était beaucoup moins sympa. Ca lui rappelait tout un tas de films et il était presque sûr qu'il n'allait pas sortir vivant de tout ça. Se retrouver plongé dans le noir et privé de sa vision, ça non plus, c'était pas très cool. Peut-être qu'ils avaient oublié de payer la facture d'électricité ? « J'ai une question », enfin il en avait plusieurs mais il allait se contenter d'une seule. « Est-ce que cette chaise vient d'IKEA ? Elle est super confortable, j'adore », il fut une légère moue, ne sachant pas si quelqu'un était là pour lui répondre. C'était un peu gênant, de ne rien voir. « Y a quelqu'un ? »

J’en avais marre de passer mes saint Valentin seul, dans ma chambre ou en boite à chercher quelqu’un d’aussi seul que moi pour passer cette soirée. J’avais donc participé à une sorte de blind date.
On m’avait donné rendez-vous dans un hôtel. Mais attention, pas le love hotel chelou du coin de la rue, non, un Hôtel, avec un H majuscule et tout. Le genre de truc ou je ne mettrais certainement plus les pieds, mais bon, ça n’arrive qu’une fois dans une vie, alors autant en profiter.
Je m’étais bien habillé, même si je ne savais pas comment allait se dérouler cette soirée. En entrant dans le hall de l’hôtel, on m’avait bandé les yeux. Bon, un vrai blind date du coup. Je n’avais pas d’autre choix que de le laisser guider maintenant.
Je suppose qu’on me traîne jusqu’à une chambre. Enfin, ça semble plutôt logique. On m’installa sur une chaise avant de me retirer mon bandeau. J’allais enfin voir qui j’avais en face de moi. C’est ce que je croyais, puisqu’il faisait noir. Totalement noir. Pas un brin de lumière ne passait.
J’entendis du bruit près de moi. Au moins je n’étais pas seul ici. Je sursautais un peu en entendant un homme parler, visiblement en face de moi. Il demandait la référence de la chaise avant de se renseigner s’il y avait quelqu’un.
“bah, euh, du coup, oui, il y a moi? et je ne suis pas certains de connaître la référence de la chaise, désolé…”
C’était étrange. Je devais parler à quelqu’un que je ne connaissais pas et en plus je ne le voyais pas. J’essayais de relativiser en me disant que lui non plus ne voyait pas que je faisais une sorte de grimace, pas vraiment à l’aise.
Je soupirais un peu avant de réfléchir. Il fallait peut être que je me présente? La moindre des choses c’était quand même ça, au moins il aurait plus d’info sur moi.
“Au fait, euh, je m’appelle Jae Kwang… Ravi de vous rencontrer… si on peut dire ça comme ça…”
Je me trouvais incroyablement calme, pour dire que j'étais dans le noir. Peut être que d'avoir entendu quelqu'un avec moi me rassurait un peu. Je sentais pourtant qu'une petite panique s'installait en moi...

note de la joueuse:

Peut-être qu'il n'aurait pas dû venir, en fait. Son esprit inventait mille scénarios à la seconde et à chaque fois, on lui prenait un organe ou il finissait au fond d'un trou. Il aurait été tellement chez lui, allongé sur son canapé avec Bourriquet pour seul compagnon. Parce que Bourriquet ne décevait personne, lui. L'amour, n'était-ce pas une suite illogique de déceptions ? Avec quelques pauses où l'on pouvait croire à mieux, espérer à mieux. Cela finissait rarement bien comme dans les films. On essayait de nous vendre ces belles phrases et ces beaux clichés. La Saint-Valentin, c'était la même chose. On essayait de vendre le romantisme, la culte de l'amour et du chocolat en boîte. On vendait l'amour comme on vendait du pain et on arrivait encore à faire croire que c'était normal. Tout était devenu tellement commercial. A chaque fête on ne pensait qu'à l'argent que cela allait engendrait et pas au bonheur que cela allait donner. Il fallait faire toujours plus beau, plus grand, plus fort. C'était n'importe quoi. Tout ça, c'était n'importe quoi. L'amour, la Saint-Valentin... du marketing.
Et lui aussi, il était n'importe quoi.

Il eut un léger sursaut en entendant une voix et se racla la gorge comme masquer sa fine frayeur – avant de se rappeler que personne ne pouvait le voir. « Côté rassurant, je suis pas seul », donc si on venait lui retirer des organes, on le ferait aussi à son camarade du jour. Rassurant, hein. « Tu connais pas IKEA ? », demanda-t-il, surpris. C'était un paradis, IKEA. On pouvait tout mesurer, à IKEA. S'il sortait d'ici vivant, il y retournerait, ça faisait longtemps. Puis peut-être qu'il pourrait trouver un truc intéressant. « Vous ? », il cligna des paupières. « On est pas deux que deux omg... », souffla-t-il. « Jisoo, ravi mais pas rassuré », autant être honnête. « Tu crois qu'on va nous prélever des trucs ? Autant prévenir, mon foie sert plus à rien », il tourna le visage dans le noir, s'adressant à tout le monde et n'importe qui. « C'est sympa l'idée du noir mais avec une petite lumière ça aurait été cool aussi », il fronça les sourcils, songeur. Il resta silencieux, fixant l'obscurité, de plus en plus perturbé. Il avait l'impression d'être bourré sans avoir bu. Il passa ses mains sur la table, frôlant les objets. « Y a des trucs sur la table... Franchement si on doit manger ou boire dans le noir, vous auriez pu fournir des bavettes », romantisme, où es-tu ?

hrp: