[Blind date : Voyage en mongolfière] Choi Ha Neul & Lin Kuan Ti

Voyage en montgolfière

Kuan Ti était nerveux, il fallait qu’il se rende à l’évidence. Il n’était pas réellement du style peureux, loin de là, mais face à cette montgolfière, il fallait qu’il avoue qu’il appréhendait un peu la chose… Mais tout irait bien. Forcément. Tout ceci avait été organisé par des professionnels, il fallait qu’il leur fasse confiance. Heureusement, le Chinois n’était pas nerveux à cause de l’occasion de cette sortie. Il était plutôt impatient, à l’idée de se retrouver seul – si on oubliait la personne qui s’occupait de la montgolfière – avec Ha Neul, pendant cette balade. Jusqu'au moment où il s'était retrouvé face à la jeune femme, le Chinois n’avait pas su ce qu’il allait faire ni où il allait aller et encore moins qui il allait voir. Mais il avait espéré, jusque-là les organisateurs des événements de Seoulmates ne l’avait jamais déçu… Et ils continuaient de l’impressionner : ils lui donnaient l’occasion de passer la St Valentin avec celle qu’il aimait et lui offraient même une fantastique journée en amoureux. Même si pour le moment il était assez peu rassuré. Il était honnêtement un peu surpris de ne pas être nerveux à l’idée de ce rendez-vous, surtout qu’il ne s’agissait pas de n’importe quelle balade. Ils fêtaient la St Valentin. Ensemble. Pour la première fois. Et il n’était pas nerveux, n’appréhendait pas cette sortie, car il savait d’avance qu’il s’amuserait. Il voulait juste passer du temps avec Ha Neul, peu importe comment. Le plus dur allait être de monter dans cet engin. « Okay, je vais être très honnête, noona. Cette montgolfière me rend légèrement nerveux. » Il n’arrivait pas à décoller son regard du sol, ni à lâcher sa prise sur le bord de la nacelle. « J’ai beau savoir qu’il ne nous arrivera rien, je crois que je ne me sentirai pas confortable tant qu’on ne sera pas officiellement partis. » Il ne savait même pas si son inquiétude était partagée, il n’arrivait pas vraiment à se concentrer sur la jeune femme depuis qu’il avait vu la chose dans laquelle il était censé voyager. « Franchement, qui utilise encore une montgolfière à notre époque ? Quelle était la chance que ça tombe sur nous ? S’il y en a qui font une simple balade à cheval ou du yoga ou n’importe sur la plage, je vais sérieusement être jaloux. » Peut-être pas. Quelle était la chance que d’autres aient eu ces merveilleuses activités, hein ? Sûrement très faible, voire même inexistante. Peu importe. « J’espère que tu sais que je ne suis pas réellement peureux, normalement, au contraire. Mais j’avoue que là la perspective d’être dans le ciel grâce à un simple ballon… Désolé si je parle beaucoup, c’est la nervosité oh mon Dieu on bouge ! » Le sol s’éloigna petit à petit et le Chinois restait agrippé à la nacelle, fixant la terre ferme qui devenait de plus en plus vague… Tout en murmurant quelques prières chinoises. Il n’était pas vraiment croyant, mais il en ressentait le besoin, d’un coup. Et effectivement, plus ils s’éloignaient et moins il était nerveux. Le vent était plus frais, un peu plus fort, en hauteur, mais surtout, ils voyaient une grande partie de la campagne coréenne et « Wow, c’est magnifique… » Parvenant enfin à se concentrer sur autre chose, Kuan Ti se tourna vers Ha Neul, un grand sourire aux lèvres : « C’est sublime, noona ! Je ne savais pas que la Corée pouvait être aussi belle ! » La nervosité et la peur disparues, le jeune homme était presque surexcité, mais n’en oublia pas pour autant les bonnes manières : « Si tu as froid, dis-le, j’ai cru voir un panier pour déjeuner être déposé dans la montgolfière, avec des couvertures dedans. » Se rapprochant de Ha Neul, Kuan Ti prit une de ses mains, la portant à ses lèvres pour souffler doucement dessus. Qu’elle ait froid ou non, ses mains l’étaient, manifestement. Et peu importe ce qu’il devait faire, le Chinois s’assurerait que cette journée se passe à merveille.

Voyage en montgolfière

Je me surprenais moi-même en me rendant à des évènements que j’aurais fuis quelques mois plus tôt. Je n’avais jamais vraiment bénéficié de la partie Blind-date de l’application Seoulmates, me contentant de cette plateforme pour rencontrer des personnes que je ne comptais jamais revoir. Les choses avaient changé depuis même si je ne savais pas exactement de quelle manière, ayant peur de mettre des mots sur cette relation qui me liait à Kuan Ti. Une chose était évidente, nous étions assez proches pour participer ensemble à un évènement pour la Saint Valentin…
Je m’étais laissée guider par les professionnels, suivant leurs directions et restant près de Kuan Ti. J’étais un peu mal à l’aise étant donné que nous étions ensemble pour la Saint Valentin mais mes doutes furent balayés lorsque je découvris la Montgolfière. Je n’aurais jamais imaginé une telle activité et j’étais agréablement surprise, ne voyant pas l’inconfort de Kuan Ti. Ce fut finalement de ses lèvres que je compris qu’il n’était pas forcément à l’aise avec ce mode de transport, ce qui n’était guère étonnant. Un léger rire passa entre mes lèvres alors que je l’entendis se plaindre d’une manière que je trouvais attendrissante. Je n’étais pas vraiment objective mais, je le trouvais tout particulièrement adorable en le voyant perdre doucement ses moyens. Je ne fis pas de commentaire, n’en ayant pas vraiment l’occasion puisqu’il était plus bavard que je ne l’étais. Je compris toutefois qu’il n’était pas rassuré lorsque la montgolfière commença à bouger pour prendre petit à petit de la hauteur. Naturellement, ma main était venue emprisonner la sienne dans l’espoir de lui apporter un peu de chaleur et de le rassurer. « Ça va aller, tu verras, ça va être magnifique dans quelques secondes » Je murmurai à son égard et au lieu d’observer le sol s’éloigner de nous au fur et à mesure qu’on s’envolait, je préférai le regarder lui… Je n’avais aucune idée de ce qu’il était en train de dire mais ça ne semblait pas être à mon attention alors j’essayai de me concentrer cette fois sur le paysage devenu incroyable. L’entendant complimenter la vue, je lâchai finalement sa main pour regarder tout autour de nous, un sourire ne me quittant plus. « Moi non plus » La Corée me surprenait mais je n’avais encore rien vu de notre beau pays. « Ah, je te retrouve enfin, ça va mieux ? » Mon ton était légèrement taquin, la bonne humeur me rendant plus expressive.
Mon cœur manqua un battement lorsque je le sentis porter ma main à ses lèvres. J’avais encore du mal à réaliser que j’avais le droit, à mon tour, à ces gestes tendres. C’était encore nouveau et j’allais avoir besoin de temps pour m’y habituer. « Merci… » N’étant pas seuls, je n’osais pas me montrer trop tactile avec lui-même si l’envie était présente. « Tu n’as pas froid également ? » Demandais-je en regardant dans le panier qu’il avait désigné. J’attrapai une couverture qui était suffisamment longue pour deux et je décidai de la mettre sur nous, m’approchant davantage de Kuan Ti pour qu’il puisse avoir autant de tissu que moi. De cette manière, j’étais aussi réchauffée par le jeune homme. « Je devrais prendre une photo  » Murmurais-je en récupérant mon téléphone dans une de mes poches. Je restai toutefois en retrait du bord, ne voulant pas faire un mauvais geste et voir mon téléphone disparaitre. Je ne voulais pas non plus perdre le bracelet que je portais à mon poignet. Je ne cessais de vérifier s’il était toujours présent sous mon pull même si j’avais à peine bougé.

Voyage en montgolfière

Une fois qu’ils s’étaient réellement envolés, Kuan Ti parvint à calmer sa légère panique, faisant mine de bouder en sentant que Ha Neul se moquait doucement de lui, lorsqu’elle lui demanda s’il allait mieux. Il ne lui en voulait pas, il aurait sûrement fait pareil, mais bon… Sa fierté en avait pris un coup ! Même s’il s’en fichait, à vrai dire. S’il y avait une chose de sûre, avec la jeune femme, c’était qu’il valait mieux qu’il soit complètement honnête, qu’il ne cache rien ou presque. C’était tellement agréable, de pouvoir s’amuser comme ça, d’être détendus, ensemble. Ils allaient s’en sortir, tous les deux. Leur couple allait fonctionner, le Chinois le sentait autant qu’il l’espérait. « Non, je n’ai pas froid, mais toi tu es constamment gelée, j’ai l’impression ! » Il ne dit cependant pas non à la couverture, content d’être plus proche de Ha Neul. Tout se passait merveilleusement bien. Lorsque la jeune femme commença à prendre une photo, Kuan Ti se déplaça légèrement, plaquant son torse contre le dos de Ha Neul, la serrant contre lui à la taille. La couverture les couvrait plus, comme ça, ni lui ni elle ne pourrait avoir froid… ! Puis il n’allait pas mentir, ils étaient encore plus proches, physiquement, comme ça et le Chinois pouvait s’assurer de bien garder au chaud la jeune femme. Le regard du jeune homme fut attiré par un petit éclat de lumière, sur le poignet de la Coréenne. Sa manche avait légèrement glissé, dévoilant le bracelet qu’il lui avait offert, discrètement, à Noël. Un sourire étira les lèvres de Kuan Ti, qu’il cacha dans l’épaule de Ha Neul. « Je suis content de voir que le bracelet te plaît. » Il n’avait pas eu le courage de le lui donner, le soir-même, mais il était malgré tout fier de son choix. « Il te va bien. » Profitant d’un élan de courage, le Chinois déposa un léger baiser sur la tempe de la jeune femme en la serrant un peu plus contre lui. « Je suis vraiment content d’être là, avec toi, noona. Le paysage est tellement magnifique ! » Les arbres défilaient doucement, sous eux, les champs et animaux avec. Ils semblaient loin de tout, mais surtout des autres, comme si le temps s’était arrêté pour eux, le temps de leur promenade. Finalement, il ne regrettait absolument pas d’être là. Certes la balade aurait pu mieux commencer, mais elle s’était améliorée, clairement. « Tu crois qu’ils vont nous faire manger dans la montgolfière ou on s’arrêtera quelque part, pur déjeuner ? » Il aurait pu poser la question à la personne qui s’occupait de les diriger, mais il trouvait ça plus amusant d’ébaucher des possibilités avec Ha Neul, du moins c’était son avis. « J’espère que le repas qu’ils nous ont préparé sera bon, d’ailleurs ! Et qu’il y aura des pâtisseries, ça serait vraiment la cerise sur le gâteau de– Punaise, maintenant j’ai envie de manger un gâteau à la cerise… » Feignant d’être dévasté, Kuan Ti gémit doucement. Certes, il ne dirait absolument pas non à un gâteau, actuellement – ou n’importe quand, honnêtement – mais ce n’était pas pour autant sa priorité, à cet instant précis.

Voyage en montgolfière

Le moment était plus doux à présent que nous volions dans le ciel, les paysages se dessinant sous nos yeux curieux. Il faisait un peu frais et je n’allais pas tarder à être frigorifiée si je ne trouvais pas quelque chose pour nous couvrir, élément que repéra Kuan Ti. « Un peu » Je n’avais pas envisagé une telle activité alors j’étais certainement habillée trop légèrement pour celle-ci mais tout avait été prévu et réfléchi par les organisateurs. Sans surprise de la part de Seoulmates. Il n’y avait qu’une couverture, comme par hasard… La chaleur de la couverture fut agréable et je me sentis doucement mieux même si finalement, être aux côtés de Kuan Ti réchauffait davantage mon cœur enfermait trop longtemps dans le froid. Sentir ses bras autour de ma taille et le sentir contre moi déclencha un frisson tout le long de mon corps, sensation agréable. J’aimais cette proximité mais si ça me rendait encore un peu confuse tant ça me semblait surréaliste. Je m’étais jurée de ne pas retomber amoureuse, de ne pas me faire avoir par l’amour et pourtant, il avait réussi à me convaincre. Je m’étais finalement laissée tomber dans ses bras et même si notre relation n’était pas encore très claire, je ne regrettais rien et je voulais profiter de ce sentiment nouveau. J’étais déjà tombée amoureuse. Trop. Intensément. Ce fut toxique surtout. Mais cet amour que Kuan Ti m’apportait été diffèrent, rassurant, confortable, agréable. Sincère... Je sentais que ma carapace était en train de fondre et je n’essayais pas vraiment de garder les armes pour lutter. « Tu as bon goût » Répondis-je en regardant ce bracelet que je n’avais eu de cesse d’admirer pendant plusieurs jours. Il m’avait fallu du temps avant d’oser le porter, comme si ça j’avais eu peur de ne pas le mériter ou peur de l’égarer, tout simplement. J’avais hésité à le remercier directement, étant donné qu’il ne me l’avait pas donné en main propre mais je n’avais pas osé. Mal à l’aise en repensant à cette soirée de Noël qui pourtant s’était achevée comme dans un rêve. « J’aurais préféré que tu me l’offres avant de partir » Est-ce que ça aurait été une bonne idée alors que les émotions avaient été aussi bouleversantes ? Finalement, même sans un mot de sa part, j’avais ressenti ses sentiments à mon égard par le biais de ce bracelet trouvé dans la poche de sa veste.

Rangeant mon téléphone, je déposais mes mains sur les siennes, posées contre mon corps. Nous n’avions pas besoin de parler, le voyage en montgolfière faisait tout pour rendre ce moment plus magique qu’il ne l’était déjà. J’avais été tendue quelques heures plus tôt et pourtant, dans les airs, je me sentais légère, libérée des poids de notre réalité. « Je suis contente aussi » Plus qu’il ne pourrait le penser. Je n’étais pas à l’aise avec les mots qui pourtant été mon quotidien mais certaines choses avaient encore du mal à être prononcés de vive voix malgré l’envie puissante que j’avais au fond de moi. J’avais encore tant de choses à lui dire. Mais je ne voulais pas briser ce moment avec mes blessures. « J’espère qu’on se posera, ça ne serait pas vraiment pratique de manger comme ça… » Ce n’était pas immense même s’il y avait de l’espace et je n’étais pas centaine que manger en étant dans les airs soit très agréable non plus ? « Tu es mignon… » Un petit rire passa entre mes lèvres tandis que je me retournais pour le regarder droit dans les yeux, mon corps toujours collé contre le sien. Mes mains s’étaient logés sur son torse et je l’observais, appréciant ce visage expressif : « Tu es gourmand, je l’ignorais » Il y avait encore tant de choses que je ne savais pas de lui et j’aimais en découvrir au fur et à mesure, des petits détails sur cette personne qui éclairait mon quotidien habituellement gris. « Malheureusement, je ne pense pas qu’on aura droit à un gâteau à la cerise… est-ce que c’est bon d’ailleurs ? » Je n’avais jamais eu l’occasion d’y gouter, de souvenir. « J’espère qu’on aura du bon vin » Au lieu de l’alcool fort que j’avais l’habitude de servir, j’avais envie d’un verre plus élégant même si Kuan Ti n’aimait pas ça. « On aura la surprise, c’est une mauvaise idée d’imaginer car on risque d’être déçu » Mon regard était toujours plongé dans celui de Kuan Ti au lieu de profiter des paysages tant j’étais encore surprise de ce que nous vivions.

Voyage en montgolfière

Serrant Ha Neul contre lui, Kuan Ti n’était pas sûr de pouvoir être plus heureux qu’il ne l’était, à cet instant précis. Ça avait peut-être été dur et compliqué, d’en arriver là, mais il ne changerait la situation ou le passé pour rien au monde. Pouvoir la serrer contre lui, la toucher, l’embrasser, tout cela ne faisait que le rendre un peu plus heureux à chaque fois. Surtout lorsqu’il se rendit compte que son cadeau n’était pas passé inaperçu et que la jeune femme semblait l’apprécier. Même si, manifestement, elle avait l’air de regretter qu’il ne lui ait pas donné en main propre. « J’avais prévu de te le donner moi-même, noona, vraiment. Mais… Je ne savais pas comment faire. J’avais peur que tu n’apprécies pas et ça ne me semblait jamais être le bon moment alors… Apprécie cette fois où j’ai manqué de courage, tu découvriras vite que c’est rare, je suis un vrai super-héros du quotidien, en réalité ! » Si on oubliait sa petite crise avant que la montgolfière ne s’envole… Kuan Ti avait cependant décidé de ne pas parler de cette épisode : si Ha Neul voulait en parler pour continuer de le taquiner, elle le ferait, lui en tout cas allait adorer prétendre qu’il ne s’était pas un peu ridiculisé, même s’il ne le regrettait pas vraiment, au final. Ça avait amusé la jeune femme. S’il fallait qu’il ait l’air un peu ridicule ou stupide pour la faire sourire ainsi, il n’hésiterait pas. En toute honnêteté, le Chinois ne pensait pas que la Coréenne lui dirait aussi clairement qu’elle était heureuse d’être avec lui, mais il ne fit pas de commentaire, se contenta de la serrer un peu plus, quelques secondes, en déposant un léger baiser sur son crâne, espérant ainsi qu’elle sentirait combien il l’aimait, combien il pouvait être heureux de l’entendre dire ça et d’être avec elle. Il avait malgré tout hâte de manger et ne s’empêcha pas de l’exprimer, fier de réussir à la faire rire alors qu’il n’avait même pas essayé, à nouveau. Elle semblait tellement plus libre et soulagée… Et voir ça l’apaisait, lui donnait espoir et le rendait encore plus heureux. « C’est quelque chose que j’essaye de cacher, j’avoue que je n’en suis pas très fier et mes parents n'aimaient pas ça, mais c'est hors de propos. Si je le pouvais, je passerai ma vie à manger, mais ce n’est tellement pas sain et je suis obligé de faire attention à ce que je mange pour manger équilibré et entretenir mon corps, je dois être en forme pour mon travail et c’est tellement dur, noona ! » Faisant la moue, Kuan Ti continua cependant de rêver à de la nourriture… Qu’il ne mangerait sûrement pas de si tôt. « Tous les gâteaux sont bons, noona, voyons ! » Cette fois, le jeune homme prit un air faussement outré, une main sur le cœur pour ajouter du dramatique à la situation. Il déchanta cependant en entendant la jeune femme parler de vin. Il n’aimait pas ça, savoir qu’elle buvait, qu’elle avait envie de boire. Mais il n’était pas sûr que le lui dire ou lui poser des questions à ce sujet soit une bonne idée, surtout qu’il avait cru apercevoir une bouteille de champagne, dans le panier. Cachant sa déception, Kuan Ti refit la moue, espérant que son message passerait plus facilement s’il n’était pas trop sérieux : « Mais moi je n’en boirai pas ! Tu n’as pas envie qu’on partage tout, aujourd’hui, noona ? Je suis même prêt à ce qu’on échange notre sang, si c’est pour contenter la vampiresse au sang froid que tu es ! » Une pensée le traversa soudain. « Est-ce que tu as lu ou vu Twilight, noona ? Parce que je viens de réaliser ! Tu pourrais complètement être le séduisant et intriguant Edward Cullen, en version féminine. Et moi je serai le beau et sexy loup-garou dont j’ai oublié le nom, celui qui essaye de voler la pauvre petite humaine ! Et avant que tu ne réfutes ça, tu ne m’as toujours pas vu torse nu, noona, ce loup-garou est loin de m’arriver à la cheville… » Jouant avec ses sourcils, le Chinois ne résista pas longtemps avant de se mettre à rire.

Voyage en montgolfière

Ça aurait pu être étrange de me retrouver ainsi dans les bras d’un homme. Dans les bras de Kuan Ti. D’une manière aussi douce et réconfortante. Et pourtant… Pourtant, je me sentais bien. J’avais l’impression que tout était normal, que j’étais au bon endroit. J’avais encore peur, parfois, lorsque je pensais à cette relation qui n’était pas encore claire mais dès que j’étais avec lui, les doutes finissaient par s’envoler et j’arrivais à me détendre et à profiter de cette bouffée d’air frais. Littéralement.
C’était un moment hors du temps. Magique d’une certaine manière et j’avais du mal à croire que ça m’était réservé. Que je n’étais pas en train d’imaginer tout ça… « J’ai beaucoup apprécié, comme tu peux le voir » Je murmurai, me montrant plus honnête ces derniers temps. J’essayais de dire les choses même si j’avais encore des blocages à certains niveaux mais, je ne voulais pas tout gâcher. « Et tout à l’heure, alors ? Ça ne compte pas ? » Je faisais allusion à la découverte de la montgolfière, simplement pour le taquiner car j’avais bien compris que ça l’avait embarrassé. Ce que j’avais trouvé adorable, je devais avouer. Mais c’était aussi son courage que j’appréciais car, nous en étions là grâce à lui. Parce qu’il avait eu la force et le courage de prendre les devants, alors que je lui avais mis des bâtons dans les roues.

Le sourire que j’abordais ne me quittait plus alors que j’en découvrais un peu plus sur Kuan Ti, comme ce côté gourmand. C’était adorable et je manquais de lui avouer. « Tu as de la marge, tu peux en profiter » Je commentais, en levant les sourcils. Il était fin et sportif alors je me doutais qu’il pouvait se permettre quelques écarts. Tant qu’il était raisonnable, pour sa santé. « Tu devrais passer me voir au café un de ces jours, tu auras peut-être le droit à un cadeau d’une employée » Une employée un peu trop sous le charme pour s’empêcher de lui offrir un dessert. Même si je n’étais pas sûre de pouvoir lui proposer le genre de gâteau qu’il semblait apprécier… « Si tu le dis ? » J’appuyai doucement sur son front pour lui retirer cet air faussement outré avant que mon palais ne frétille en pensant à la possibilité de boire du vin. « Partager notre sang ? Je garde le mien mais peut-être que je pourrais finir par poser mes crocs dans ton cou si tu me tentes trop » Répondis-je avec un sourire espiègle. Puis je me rappelai que nous n’étions pas seuls et je décidais de ne pas en dire davantage, ne voulant pas que mes paroles soient mal interprétées même si ça ne regardait pas la personne en question. Par chance, Kuan Ti m’empêcha de trop m’en faire, en parlant d’une œuvre avec des vampires. Clignant plusieurs fois des yeux et me reculant légèrement pour mieux le regarder, je laissai quelques secondes passer afin de comprendre ce qu’il venait de dire. « Quoi ? » Un petit rire m’échappa à mon tour avant que je ne fasse le tri dans ce que je venais d’entendre : « Ils se battent pour la même personne, non ? Sommes-nous ennemis dans ce cas ? » La deuxième remarque que j’avais en tête était tentante et je décidais de la prononcer, peu importe si on pouvait nous écouter. « Tant que je n’ai pas vu ce que tu caches sous ce pull, je ne te crois pas. J’attends de voir ça » J’envoyai un clin d’œil dans sa direction avant de rire légèrement. J’étais détendue, c’était plaisant. J’en avais un peu oublié de regarder les paysages, mon attention exclusivement sur Kuan Ti. Je le regrettai un peu lorsqu’on nous fit comprendre que nous étions en descente car un panier repas nous attendait. La partie « questions » m’intrigua… « Accroche toi, on descend » Je le taquinais à nouveau, y prenant un peu trop plaisir.

Voyage en montgolfière

Le voyage se passait à merveille, il fallait l’avouer. Ha Neul était détendue et Kuan Ti n’avait, pour une fois, aucune pensée inquiète. Que du bonheur et de l’excitation. Ils plaisantaient, comme lorsque la jeune femme mentionna sa petite panique avant qu’ils ne décollent : « C’était la peur de l’inconnu ! Ça ne compte pas ! » Gonflant légèrement ses joues, le Chinois fit à nouveau la moue, conscient qu’il devait avoir l’air un peu ridicule. Il voulait juste continuer de la voir sourire et rire aussi ouvertement. Elle semblait si libre si… Différente d’avant. Le jeune homme était tellement content de pouvoir lui permettre d’être ainsi. Arriver jusque-là avait été dur, mais ça en valait la peine, définitivement. Si on avait dit à Kuan Ti qu’un jour Ha Neul l’inviterait à venir la voir dans le café où elle travaillait… « Je viendrai avec plaisir, dans ce cas. Surtout si je peux voir cette charmante employée… Est-elle belle, au moins ? A-t-elle un sourire aussi charmant que le mien ? Est-ce que je l’ai déjà rencontrée ?! » Il la taquinait, à nouveau. L’un comme l’autre savait que s’il allait dans ce café, ça serait pour la voir elle et personne d’autre. Mais prétendre le contraire, faire comme s’il était curieux de cette femme imaginaire était amusant, léger. Elle n’hésitait pas à le toucher, à blaguer et tout semblait si parfait… Le Chinois avait l’impression que rien ne pourrai ruiner ce moment. Mais il avait fallu parler d’alcool et il sentit l’inquiétude l’envahir, doucement. Il n’aimait pas les boissons alcoolisées, de base. Il avait vu combien elles pouvaient faire des dégâts et n’avait qu’une envie : que Ha Neul n’en boive plus jamais. Mais il avait conscience que le dire maintenant serait une mauvaise idée. Il ne voulait pas gâcher leur bonne humeur, ne voulait pas potentiellement la blesser ou l’agacer. Alors il fit ce qu’il savait le mieux faire : détourner l’attention. Parlant de Twilight, Kuan Ti ne put longtemps retenir son rire en voyant la jeune femme réfléchir à ce qu’il venait de dire, cherchant à replacer la référence sûrement. « Qui dit que le loup-garou n’était pas juste jaloux de la jeune humaine, mh ? Ça se trouve, il était juste attiré par ce ténébreux et très sexy vampire… Personnellement j’ai toujours eu un faible pour les vampires… » L’allusion de la jeune femme, cependant, fit légèrement chauffer les oreilles du Chinois qui jeta un rapide coup d’œil vers le conducteur de la montgolfière avant de se rapprocher de Ha Neul, leurs corps presque collés pour lui murmurer à l’oreille : « Débrouille-toi pour que nous soyons seuls et je te montrerai tout ce que tu veux, noona. Sauf si tu ne veux pas attendre ? » Il était presque totalement sérieux. Il était plus que prêt à laisser tomber le haut en public, ça ne le dérangeait pas, loin de là. Son travail lui avait créé un corps dont il était fier et qu’il entretenait avec joie et sérieux. Mais il préférait être en tête à tête avec la Coréenne pour se déshabiller entièrement… Les mains posées sur les hanches de la jeune femme, Kuan Ti se pencha en avant, déposant un baiser dans le creux de son cou, en profitant pour inspirer son parfum, mais aussi lui faire comprendre, si nécessaire, qu’il était sérieux. Elle avait déjà fait une allusion plus tôt alors chacun son tour. La voix de leur conducteur interrompit le moment et le Chinois recula d’un pas pour observer le sol se rapprocher petit à petit, un frisson le parcourant. « Je crois que ça va aller… » Il était à nouveau nerveux, prenant instinctivement la main de la jeune femme pour se rassurer, alors même que sa gorge se nouait. Finalement, ils étaient bien dans le ciel, pourquoi n’y restaient-ils pas, hein ? Se forçant à regarder ailleurs, Kuan Ti posa les yeux sur une enveloppe dans le panier-repas, se souvenant alors qu’ils avaient des questions à poser. « Okay, je vais poser une question, pour penser à autre chose et cesser de regarder ce sol qui se rapproche et le fait que l’atterrissage va sûrement être horriblement brutal. » Lâchant la jeune femme, il prit l’enveloppe et en sortit un bout de papier au hasard, reprenant aussi la main de la jeune femme : « Okay, donc. Oh, punaise… ‘Qu’est-ce qui, dans l’amitié, a le plus de valeur pour toi ?’ C’est quoi cette question ? » La prochaine fois, il ne prendra pas au hasard…

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« Tu as pourtant utilisé le mot peur, donc ça compte un peu… Non ? » Je continuais pour le plaisir de le taquiner. Il était adorable et je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir le voir agir de cette façon. Posant un doigt sur une de ses joues, je fis une légère pression sur celle-ci pour la dégonfler, m’amusant de sa bouille. Quelques mois plus tôt, je n’aurais jamais pensé me tenir aussi proche de lui. Jamais je n’aurais cru avoir de l’affection à offrir pour un autre homme et le plus incroyable était à quel point cela me faisait du bien… Ce n’était pas effrayant sur l’instant et j’aurais tellement aimé ne penser à qu’à cette sensation de confort que je pouvais ressentir avec lui, lorsque je nous laissais cette chance. « Elle fait tourner beaucoup de têtes donc je suppose que oui ? » Répondis-je pour l’embêter. « Mais apparemment, elle ne résiste pas à ce charmant sourire dont tu me parles. Je ne sais pas si tu l’as déjà rencontré… Tu auras la surprise en y allant ? » C’était agréable de plaisanter de cette manière alors qu’on savait tous les deux de quoi il était question. J’étais de plus en plus détendue et je ne savais pas vraiment à quoi c’était du. A cette atmosphère ? A cette impression d’être libre alors qu’on se trouvait dans les airs ? Ou parce que Kuan Ti avait ce pouvoir sur ma personne ? « Ça change totalement l’intrigue, mais je préfère nettement cette version » Je n’avais pas compris la référence au départ mais à présent que c’était le cas, je pouvais moi aussi en rire même si ça me semblait surréaliste. J’aimais cette conservation peu sérieuse, ça changeait de ce qu’on avait pu se dire par le passé, lors de moments plus intenses en émotions négatives. J’avais l’impression de pouvoir enfin respirer… Sauf lorsque Kuan Ti se rapprocha de moi pour venir me susurrer des paroles à mon oreille. Paroles qui n’avaient rien de très innocentes. Un frisson me parcourut le corps alors que je sentis ses lèvres se poser sur ma peau sensible, au niveau de mon coup. J’appréciai ce contact. Certainement un peu trop, compte tenu des paroles qu’il avait également tenu. Me mordillant la lèvre inférieure, je le regardai un instant, sans dire quoi que ce soit. Je n’étais pas bien sûr de savoir ce que j’étais censée dire. Ce n’était pas l’endroit idéal alors j’étais prudente : « Je pense qu’on en aura l’occasion dans un endroit plus adapté, plus tard » La montgolfière était romantique mais pas idéale. Je ne voulais pas non plus qu’il attrape froid en décidant de se dévêtir soudainement. Je pouvais toujours imaginer ce qu’il cachait derrière ses vêtements, ayant l’occasion de poser mes mains par-dessus ses vêtements. « Je t’écoute… » C’était une bonne idée si ça pouvait le rassurer et ça passait le temps intelligemment. J’étais toutefois un peu inquiète, n’ayant aucune idée des questions qui se trouvait dans l’enveloppe... « Tu espérais quel genre de question ? » Je demandais avant de réfléchir. Je n’avais pas énormément d’amis alors je me mis à penser à ce qui semblait le plus important pour moi, selon les visages qui apparurent instantanément. « Le confort et la confiance. » Je restais un peu vague mais lorsque je pensais à Dae Won ou Kikuyuki, par exemple, c’était ce que je retenais. J’étais à l’aise avec eux, malgré mes problèmes. Je pouvais leur parler si je le désirais et c’était ce que j’avais commencé à faire avec Kikuyuki, ce qui m’avait fait du bien. « Je dois poser la même question ou je peux en tirer une autre ? » On n’apprenait pas énormément de chose l’un sur l’autre avec cette question, autant en choisir une autre. J’attrapai ainsi un bout de papier pour y lire une nouvelle question : « Quels rôles l’amour et l’affection jouent-ils dans votre vie ? » Je soupirai et levai les yeux au ciel en lisant cette question… Ce n’était pas vraiment le genre que j’appréciais, ça me mettait plutôt mal à l’aise.

Voyage en montgolfière

Kuan Ti faisait semblant de bouder, alors que Ha Neul se moquait gentiment de lui. Il n’était pas réellement blessé ni gêné, même s’il fallait avouer que cette petite panique, précédemment, ne le mettait pas en valeur. Mais le Chinois n’était pas du genre à être complexé par ça. Il se laissait donc faire, appréciant en silence la facilité que montra la Coréenne, en le touchant, en jouant avec lui. Comme si tous leurs problèmes précédents n’avaient plus d’importance, comme si tout allait parfaitement bien, que cela avait toujours été le cas. Ils s’amusaient ensemble, faisant semblant de parler de quelqu’un d’autre, d’une autre femme qui pourrait intéresser le jeune homme. Avec un sourire aux lèvres et un enthousiasme exagéré, Kuan Ti n’hésita pas à continuer : « Wow ! Il faut qu’on atterrisse, manifestement je n’ai rien à faire avec toi, il faut que je la rejoigne de suite ! » En toute honnêteté, il n’avait aucune envie de descendre, principalement parce qu’il avait un peu peur de ce que ça allait donner… Mais ce n’était pas encore le moment de s’inquiéter de tout ça, ils étaient encore en train de flotter avec douceur et calme et le Chinois avait plus important à penser et faire. Comme, par exemple, flirter avec Ha Neul. Ce serait mentir que de dire qu’il n’avait pas songé à ce que serait de passer une nuit, partager un lit avec la jeune femme. Mais il savait aussi qu’il était trop tôt pour cela. Alors il se contentait de sous-entendus pour montrer qu’il n’était pas contre, de contacts physiques qui exprimaient ses sentiments. Il savait être patient, il attendrait le bon moment. Après lui avoir embrassé le cou et avoir savouré ce frisson, le jeune homme se retira lentement, un sourire fier aux lèvres. « C’est toi qui décides, noona. » L’atmosphère changea rapidement alors qu’ils apprenaient qu’ils allaient atterrir et Kuan Ti retint un gémissement en voyant le sol se rapprocher. Dans un moment de panique peu contrôlée, il décida de poser une question, dans la liste de celles qu’ils devaient poser. Il ne put empêcher la petite vague de… Déception ? La question ne semblait pas très appropriée à un rendez-vous romantique, mais bon. Après, techniquement, Seoulmates ne savait pas qu’ils étaient en couple, non ? Peut-être qu’il s’agissait là d’une des questions les plus confortables, afin d’éviter de créer une mauvaise ambiance, qui sait ? En tout cas, la réponse de Ha Neul fut pour le moins claire et logique, le Chinois hochant la tête en signe d’approbation. La question qu’il reçut en retour le prit pour le moins de court et il fronça les sourcils, réfléchissant… Et oubliant complètement qu’ils allaient bientôt arriver. « Je ne suis pas sûr de pouvoir réellement répondre… Enfin peut-être simplement que ce sont des éléments importants ? Presque indispensables ? Mais je ne vais pas pour autant essayer de les forcer ni à leur recherche ? Je les prends quand ils sont là… ? » Il n’était pas sûr d’être très clair, ni d’être certain de sa réponse, à vrai dire. Cette question était franchement compliquée. Sans réfléchir, Kuan Ti prit un autre papier au hasard, un soupir lui échappant alors qu’il lisait la question : « ‘Si tu étais un personnage de n’importe quel livre, lequel serais-tu ?’ Okay, ces questions sont franchement simples. »

Voyage en montgolfière

« Wow, je ne fais visiblement pas le poids face à elle, je crois que je vais être jalouse » Répondis-je avec un sourire complice, toujours amusée par cette conversation. J’appréciais ce moment de légèreté que je partageais avec Kuan Ti. J’avais l’impression d’être une autre personne et ça me faisait du bien de m’exprimer en arrêtant d’être sur la défensive et de m’inquiéter pour chaque mot ou chaque geste. Ce voyage avait un bon impact sur ma personne et j’étais contente d’avoir joué le jeu pour la Saint Valentin. C’était pourtant une fête qui ne m’avait jamais vraiment intéressé et qui m’avait, par la suite, plus déprimée qu’autre chose mais cette fois-ci, le rendu était différent. Étais-je plus romantique que je ne voulais l’admettre ?
A ma grande surprise, Kuan Ti était également plus entreprenant que je ne l’aurais pensé mais, ce n’était pas déplaisant de l’apprendre de cette manière. Un frisson avait parcouru mon corps alors que j’assimilais ce nouveau rapprochement qui ne m’avait guère laissé indifférente. Il avait dû le remarquer et je n’essayais pas de le cacher, plantant mon regard dans le sien. Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres alors que je restais silencieuse, je n’avais certainement pas besoin d’en dire plus. Il devait comprendre.

L’ambiance avait bien changé lorsqu’on nous précisa que la descente allait être effectuée. Je remarquai la lueur de panique qui traversa le regard de Kuan Ti et je le trouvais à nouveau adorable. Il eut une bonne idée en choisissant ce petit jeu de questions-réponses même si je ne pouvais pas m’empêcher d’être inquiète. Je n’étais toujours pas très à l’aise dans tout ce qui était relation amoureuse peu importe le rapprochement qu’on avait vécu ces derniers temps. Parler était encore difficile pour moi, même si je m’étais ouverte auprès de Kuan Ti. Certains détails n’avaient pas été partagés mais je n’étais pas prête à le faire dans ce genre de situation. Ce n’était pas le moment. Je voulais me défaire de mes cicatrices, même si ça ne durait que quelques heures, pour ce rendez-vous.
Sans trop de surprise, la question que je posais me fit lever les yeux au ciel tant je n’étais pas fan de ce que je demandais. Ça ne m’empêcha pas d’y accorder de l’attention lorsque Kuan Ti se mit à u répondre. J’hochais la tête pour montrer que je l’avais entendu mais je n’avais aucune idée de ce que j’étais censé répondre à ça. Autant ne rien dire. Pour ma part, j’avais pendant un moment décidé de les rejeter au lieu de les accepter. Ça changeait doucement, par chance. « D’un livre ? » Je ne m’étais jamais posé cette question jusqu’à présent, connaissant quelques bouquins et de personnages que j’appréciais. Est-ce qu’il y avait la vie d’une personne fictive que j’aurais aimé avoir ? « Aucune idée… Je n’ai pas eu le temps de me poser devant un bouquin depuis longtemps… » Je répondis, essayant d’y réfléchir sans savoir sur quel roman m’appuyer. « Le personnage dans un livre pour enfant, ça ne devrait pas être trop dramatique au moins » Je proposais en haussant les épaules, abandonnant l’idée de trouver un truc intéressant. J’attrapai un bout de papier pour poser une autre question, tout en me tenant ensuite au bord, alors qu’on se rapprochait du sol. « Y a-t-il une chose que vous rêvez de faire depuis longtemps ? Pourquoi ne l’avez-vous pas encore réalisée ? » Je levai les yeux vers Kuan Ti : « Deux questions pour le prix d’une » J’attendis que sa réponse soit formulée puis, je lui attrapais une main dans l’espoir de le rassurer alors que nous n’allions pas tarder. Le guide nous l’avait précisé mais on pouvait également le remarquer en regardant le sol se rapprocher progressivement de nous. La balade avait été agréable et était passée vite. « Ça va ? »

Voyage en montgolfière

« Peut-être que si tu n’es pas assez prudente… Je pourrai aller voir ailleurs. » Sourire taquin aux lèvres, Kuan Ti plaisantait toujours. Mais Ha Neul le savait, vu son sourire, elle devait savoir, depuis le temps, qu’il ne la quitterait pour rien au monde. La balade semblait parfaite, comme si rien ne pouvait la gâcher. Ils étaient dans leur bulle, loin de la vie normale, dans leur petit coin de paradis. Tout était parfait. Le Chinois jouait avec la jeune femme, de différentes façons et avec plaisir, tout en sachant que ça ne durerait pas tout à fait. Ils ne seraient pas toujours aussi détendus. Ils ne faisaient que profiter d’une petite escapade de leur quotidien. Le jeune homme inspirait avec bonheur, essayait de garder en mémoire chacun des petits détails qu’il percevait, sentait. Il voulait pouvoir se souvenir de cette journée parfaite, à jamais. La mettre dans une petite boîte, dans un coin de sa mémoire, une petite zone qu’il pourrait rouvrir de temps en temps, les mauvais jours ou quand il avait juste envie de se recréer un petit cocon de bonheur. Et même lorsqu’il se remit à paniquer, alors que la montgolfière descendait, même s’il était inquiet, il arriva à se détendre un peu, en posant des questions au hasard et en répondant à d’autres. Alors que Ha Neul répondait pour la deuxième fois, Kuan Ti fut obligé de se rappeler où ils étaient et ce qu’ils faisaient, que la montgolfière atterrissait. Fermant les yeux, le jeune homme s’agrippa au bord de la nacelle, ne réalisant que Ha Neul avait tiré une nouvelle question que quand elle la posa. Même si, effectivement, il s’agissait plutôt de deux questions en une. La réponse arriva au Chinois presque immédiatement, mais il n’était pas sûr que ça soit le bon moment, qu’il soit raisonnable qu’il soit honnête. Mais s’il ne l’était pas… Cela serait contre le principe du jeu, non ? Il n’avait pas envie de la mettre mal à l’aise, il voulait que la bonne ambiance reste, que la journée continue d’être légère, paisible… Kuan Ti savait très bien que certains sujets étaient délicats avec la jeune femme, qu’il fallait qu’il fasse attention avec ses paroles car elle n’était pas à l’aise. Il était honnêtement un peu frustré par ça, mais il pouvait comprendre. Il était persuadé qu’un jour les choses iraient mieux, qu’elle serait plus à l’aise et qu’il n’aurait plus besoin de faire attention de cette manière. Alors, peut-être, pour cette fois… Ignorant sa gorge serrée à l’idée de ne pas être complètement honnête, le jeune homme garda les yeux fermés en répondant : « Faire des études. J’ai toujours voulu faire des études, mais… Je n’en ai pas eu la possibilité. Peut-être qu’un jour j’y arriverai, qui sait… ? » Il ne put s’en empêcher, en finissant de parler, d’être un peu plus rêveur, nostalgique presque. Il n’avait pas menti. Même s’il ne s’agissait pas de son désir le plus cher, il avait effectivement envie de faire des études, un jour. La main de la jeune femme prit la sienne et le Chinois parvint à rouvrir les yeux, lui souriant par réflexe. « Ça va aller. J’ai juste hâte de pouvoir mettre le pied sur– » Sa phrase s’interrompit alors qu’une secousse l’envoyait presque au sol. Heureusement qu’il se tenait à la nacelle… Ils étaient arrivés et Kuan Ti laissa échapper un soupir de soulagement avant d’aider Ha Neul à sortir : « Les dames d’abord ! » Une fois qu’elle fut sortie, il se saisit du panier de pique-nique et remercia leur chauffeur avant de rejoindre la jeune femme : « Allez, choisis où tu veux qu’on s’installe pour manger, je ne sais pas toi, mais moi j’ai faim ! » L’air pur creusait, non ?

Voyage en montgolfière

« J’ai entendu dire qu’elle n’était pas très accessible, ce serait risqué de lui courir après. Je ne sais pas si ça vaut le coup~ » Je faisais allusion aux difficultés qu’on avait rencontré, d’une certaine façon. Comme si les obstacles étaient derrière nous alors que ce n’était pas totalement le cas. J’avais envie de prétendre que tout allait bien, au moins le temps de quelques heures. Nous avions encore des sujets à aborder mais c’était délicat. Je m’étais ouverte à lui, j’avais fait un pas vers lui et il m’avait accepté mais nous avions encore des efforts à faire. Ou plutôt, j’avais encore beaucoup à faire de mon côté. Je devais m’ouvrir davantage, accepter sa présence dans ma vie, d’une manière ou d’une autre même si je n’étais pas encore certaine de savoir ce que je voulais. Pourtant, le fait d’être à ses côtés ce jour-là me montrait qu’être en sa présence me faisait du bien. Le jour était particulier, trop romantique à mes yeux et pourtant… pourtant j’étais contente de me trouver dans ses bras. Heureuse de partager ce moment inédit et unique. Un moment que je n’allais jamais revivre. Que je n’allais jamais revivre car même si ça devait se reproduire, ce serait différent. Je ne savais à quel égard alors autant profiter de l’instant t, sans se laisser envahir par les préoccupations de notre réalité. Mettre pause sur les inquiétudes et se laisser porter par le vent. « Tu peux le faire si tu t’en donnes les moyens et que tu en as envie » Ce n’était pas des paroles en l’air qui avaient pour but de les rassurer, j’y croyais. « Tu peux prendre exemple sur moi. J’ai repris mes études et je m’en sors pas trop mal » Je n’étais pas la meilleure étudiante de ma promotion mais j’arrivais à m’en sortir et mes stages m’apprenaient encore davantage sur le métier. « Tu aimerais faire des études de quoi ? » Je demandai avec curiosité, réalisant que je n’en avais aucune idée. J’avais tellement de choses à apprendre de Kuan Ti, mais ça me plaisait. Il me surprenait un peu plus à chaque fois.
Le retour sur le sol ne se fit pas sans quelques secousses. Nous manquions de tomber, l’impact assez brutal mais nous avions pris nos précautions en nous tenant. Nous étions arrivés et je félicitai Kuan Ti en posant un chaste baiser au coin de ses lèvres. « Si galant » Je répondis avec un regard taquin avant de poser mes pieds sur le sol. Cela faisait tout drôle, je me sentis étourdie pendant quelques instants, les sensations différentes maintenant que nous n’étions plus dans les airs. « Par ici » Je pointais un coin qui semblait convenir et qui était suffisamment à distance des personnes qui s’occupaient de la Montgolfière. Nous pouvions ainsi nous retrouver à l’écart dans un beau cadre et autour d’un panier. Je commençai à sortir ce qui se trouvait dans le panier, une fois la nappe installée. Je lui proposai du vin également, me servant une coupe pour déguster le liquide foncé. La qualité fit plaisir à mon palais habitué à de l’alcool bas de gamme. Puis, mon regard se perdit souvent dans celui de Kuan Ti alors que ce moment de légèreté continua même en ayant les pieds sur la terre ferme.
Le rêve se poursuivait.